Mendelson en couv’ de RIFRAF (mai 2013)

Dans sa discipline de travail intérieur, d’extraction et de sublimation, Mendelson s’avance parmi les gisants et accouche d’un triple album colossal. Dans son creuset de population, le rock et la langue fusionnent libérés des formats. Écriture blanche, compositions rouge sang, exigence exemplaire, Mendelson regarde l’époque, la dévisage sans ciller et l’auditeur de vaciller : le rock français est debout. Nous aussi.

 

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Mendelson le mardi 14 mai sur France Inter de 21h à 23h

Mendelson participera ce mardi 14 mai à l’émission « Ouvert la Nuit » sur France Inter de 21h à 23h, l’occasion d’y entendre deux morceaux live.
http://www.franceinter.fr/emission-ouvert-la-nuit

Entretien dans Ouest France

Brest. La brillante noirceur de Mendelson éclaire la Carène

Musique mercredi 08 mai 2013

Le groupe français Mendelson, qui joue à la Carène, à Brest vendredi, vient de sortir un triple album intitulé Mendelson. Il fera date. Entretien avec Pascal Bouaziz, son leader guitariste et chanteur.
 

Six années séparent votre précédent disque, Personne ne le fera pour nous, de ce cinquième et nouvel album éponyme, pourquoi ? 

Plusieurs raisons à cela. J’ai pris un travail à côté de mon activité de musicien, j’ai donc moins de temps… Surtout, avant de m’attaquer à la musique, j’ai d’abord voulu écrire tous les textes. Or, écrire me prend beaucoup de temps. Ça me prend beaucoup de temps parce que je n’ai pas envie de me répéter, d’écrire la même chose que sur un disque précédent. Je me bats vraiment contre ça.

Des ombres littéraires planent sur ces textes…

Je passe mon temps à lire, plusieurs livres à la fois. Les premiers albums étaient inspirés par d’autres chansons. Ce n’est plus le cas. J’écoute autant de musique, mais je suis moins dans le monde imaginaire de la musique. À une époque, je pouvais être inspiré par une chanson des Smiths, de Manset ou de Sly Stone. J’ai l’impression que cette source d’inspiration est épuisée. Du coup, je vais chercher ailleurs ma nourriture : dans les livres d’anthropologie, la poésie japonaise, un roman russe, etc. 

Les ambiances développées dans ce disque sont très sombres, mais jamais déprimantes, on y trouve une énergie revigorante…

Pour écrire, et espérer être entendu, il faut beaucoup d’énergie. J’ai en moi deux personnalités : une très sombre qui porte sur l’être humain, sur le monde tel qu’il va, un regard désespéré. Une autre partie de moi est très énergique et veut en parler, communiquer son ressenti, l’échanger, en faire quelque chose. Les deux sont tout le temps en balance. Et puis, affronter les choses, même quand c’est horrible, ça me donne de l’énergie. 

Le travail sur les textures sonores et la mise en espace des sons est très impressionnant…

C’est la première fois qu’on travaillait avec un ingénieur du son depuis 2001. On est tombé sur Stéphane Blaess, un super-mec qui a notamment travaillé à New York avec Brian Eno et au Nigeria avec Fela Kuti. Il a fait en sorte que chaque son fasse sens par rapport à l’autre, mais qu’il ait aussi son indépendance et conserve sa nature, sa beauté propre.

Ce n’est pas un album très porté sur la mélodie… 

Je pense qu’on peut faire une musique qui soit belle sans être dans la recherche de la mélodie. Même quand c’est dur, même quand les guitares sont bruitistes, pour moi, c’est beau. Un portrait de Francis Bacon, c’est plus beau qu’un champ de fleur réalisé par un peintre amateur, et pourtant, les fleurs, c’est joli… Mais moi, ça me semble moins joli que certains portraits de Bacon dans lesquels je vois plus de force, de crudité, de cruauté. Ça me fait un effet beaucoup plus puissant.

Vendredi 10 mai, 21 h, le Club, La Carène, Brest, de 12 à 16 € sur place, inclus Pass découverte printemps. Avec aussi Matt Elliott, autre excellent songwriter.

http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-Brest.-La-brillante-noirceur-de-Mendelson-eclaire-la-Carene_40771-2190489-pere-bre_filDMA.Htm 

Chronique du Triple Album par « La Blogothèque »

Mendelson : Les vivants

Le 06 Mai 2013 — Par Starsky

En cinq albums, Mendelson a déployé des ailes de géant, révélant par sauts successifs un horizon pour le rock français que l’on n’osait pas espérer. Les titres des deux précédents disques le disent d’ailleurs très bien : ils sont tout seuls au sommet et personne ne s’est amusé à gravir les derniers mètres à leur place.

Au fil des rencontres et des disques, la musique de Mendelson peu à peu a quitté terre, s’est libérée comme le jazz du même nom. Elle a abandonné tous les formats possibles, s’est étendue, ouverte petit à petit, jusqu’à exploser littéralement dans le dernier (triple) album où figure entre autres une chanson de cinquante-quatre minutes et vingt-six secondes enregistrée d’une seule traite. Une chanson dont l’écoute est une expérience à elle toute seule, qui cristallise la force sidérante des compositions textuelles et sonores du duo devenu collectif protéiforme.

Mendelson – Tout refaire

Les textes de Pascal Bouaziz forment une œuvre à part entière, qui témoigne d’une recherche littéraire, poétique, qui va bien au-delà du périmètre habituel de la chanson. Des histoires simples, racontées à la première et à la deuxième personne du singulier. Des phrases tantôt trouées tantôt bégayantes où campent les ordinaires, les disgracieux, ceux qui sous nos yeux restent invisibles. On ne sait pas bien d’où ils viennent ces losers pas du tout magnifiques, ces moins que rien qui sont capables du pire, ces pauvres types qui ne font rien de mal, ni ces monstres terrifiants, ceux du dernier album. Mais peu importe, Pascal Bouaziz les aime, un peu. En tout cas il les considère et c’est déjà beaucoup la considération. À chacun, la musique qui se déplie, grossit, respire, s’amenuise et les mots qui n’ont l’air de rien donnent corps. Pas pour les sauver non, pas pour les excuser. Pour nous montrer encore et encore que le vrai scandale ça n’est pas la mort, mais la vie elle-même. La vie qu’on partage avec les fous, les mal finis, les voisins un peu fades, les tortionnaires, les travailleurs, les conjoints. La vie qu’il faut bien vivre. La vie des souvenirs ensoleillés, trop rares. La vie « qui abîme les vivants ».

Si Mendelson était un bon groupe de rock, il nous aurait laissé un chef d’œuvre par disque. C’est à ça qu’on les reconnaît les bons groupes, non ? Pas forcément un tube, mais une bonne grosse claque, un truc qu’on n’oublie pas de si tôt. Mais Mendelson ne joue pas dans cette cour-là. Les chefs d’œuvre (on parle bien des chansons qui vous ravagent, qui vous secouent, qui vous changent) ils nous les offrent par brassées. Il y a « 1983 (Barbara) » bien entendu, qui, en replongeant dans la pureté obsédante d’un amour d’enfance et ce qu’il y a autour, fout à genoux tous ceux qui sont nés entre 1970 et 1975. Mais pas que. De « L’Ardèche » et ses rêves mal barrés, de la rupture à peine digérée de « Café tabac », du machisme de petit garçon boudeur de « Marie-Hélène », de la baignoire tragique de « Bienvenue à Lacanau », de l’ami perdu de « Par chez nous », de la justesse hystérique de « J’aime pas les gens », des «heures » qui n’en finissent plus et qui mènent au pire, on ne se remet pas non plus.

Il faudra sans doute une année entière pour finir d’explorer le nouvel album du groupe, sécher avec lui quelques larmes résiduelles, poser deux ou trois nuits une face sur la platine et se laisser flotter, hypnotisé, terrifié, asphyxié. On n’inventera pas de nouveaux superlatifs, ce serait ridicule et un peu indécent. On se taira sans doute.

Une chose est sûre : on n’a jamais entendu ça. Tant d’ambition et de simplicité réunies. Tant de liberté. Tant d’horreurs.

En attendant, il faut aller voir jouer Mendelson à La Villette Sonique, le 23 mai au Cabaret Sauvage. Parce que c’est rare, Mendelson en concert. Parce que rien de tout ce qui vient d’être dit n’est seulement le fruit de séances d’enregistrement un peu magiques bien planqués en studio. Parce que sur scène le groupe et ses chansons sont plus immenses encore et que Pascal (dont le « salut, on est les Louise Attaque » d’un concert fort ancien à Montauban m’a marqué à jamais) est parfois, aussi, très drôle.

http://www.blogotheque.net/2013/05/06/les-vivants/

Chronique du Triple Album par « A découvrir absolument »

T’as l’air malin toi le scribouillard du net, toi qui ponds des chroniques comme un coq disperse ses fientes sur un sol qui n’est que le reflet de sa propre existence. T‘as l’air malin le de Oliviera face à ce disque que tu attendais comme on attend l’espérance face à l’autel, il est face à toi, debout, droit, haut, massif, tellement tout cela que l’ombre qu’il produit, interdit les rayons du soleil de te réchauffer.

Alors t’es là, comme le type des « heures » t’es là mais pas tout à fait car pour le coup tu as peur, tu te fais presque dessus.

Tu n’as pas ta petite mélodie du bonheur pour masquer la vacuité de tes propos habituels sur telle ou telle référence, jouant avec les mots avec la grâce d’un buffle. T’as pas ta structure aussi pratique que la cuisine hi tech que tu rêverais d’avoir pour épater plutôt que pour offrir du bonheur. T’es presque à poil, et le disque te déshabille complètement, lacérant ta peau, touillant tes viscères. Et tu y retournes sur ces chansons (morceaux, monstres, histoires de chute) tu te les infliges, il y a quelque chose de presque religieux, presque christique, et pourtant à la base tu ne vas pas bien en ce moment mon grand, mais tu as quelque part cette force quotidienne de tenir debout.

Ce n’est pas une traversée du désert, c’est donc un chemin de croix, dans des contrées arides et froides, l’humanité a foutu le camp car elle s’est mentie à elle même. Ces ont des maxi-fictions, des histoires qui te parlent hein toi le chroniqueur qui a sa dose d’engelures dans la tête. Le bonheur n’a pas le droit de citer, car quand on parle d’amour les couteaux et l’odeur de la mort ne sont pas loin, mais toi le chroniqueur tu n’es même pas voyeur, t’inquiètes, la gangrène c ‘est aussi une façon de se consommer, comme l’amour se consomme, et cette gangrène n’est pas contagieuse.

Mendelson, Mendelson Mendelson Mendelson Mendelson, Mendelson Mendelson Mendelson Mendelson, Mendelson Mendelson Mendelson Mendelson, Mendelson Mendelson Mendelson Mendelson, Mendelson Mendelson Mendelson, et tu le répètes comme pour te laver, t’enlever ces chansons qui au final t’inquiètent, hein faut bien te l’avouer t’en a peur de ce disque maintenant, il te fait pas rire une seconde. Quand tu l’écoutes tu vérifies que personne n’est dans la pièce, tu as peur que l’on te confonde avec ces histoires sans faim, sèches, qui ne nous nourrissent pas, elles nous mangent de l’intérieur.

Alors là chroniqueur, tu crois que tu donnes envie de toi hein, cela on s’en tape, mais d’écouter ce disque oui, tu pourrais être accusé de ne pas aimer ton prochain, être accusé de cela car on n’écoute pas ce disque, il rentre en nous, et les dégâts pourront être irréversibles, merci pour nous. L’oxygène va se raréfiée, le constat va être terrible, nous sommes tous en perdition, car l’amour est un champignon qui pourrie après sa prolifération.

Allez chroniqueur dis le que t’as peur, t’as peur de l’écouter mais tu l’écoutes, t’as peur d’en parler alors tu me laisses aller au casse pipe et expliquer l’inexplicable, cette invention du disque des vies, d’un roman musical au style froid, martiale, une œuvre de dissection clinique réalisée dans une cave sans la moindre connaissance en médecine légiste. Si tes lecteurs cherchent le bonheur dis leur d’aller ailleurs, Pascal Bouaziz n’offre qu’un moment souriant, ou plutôt empathique, quand il dira « sur les gentils ». Sinon tout est brisé et pas que le verre. Les vies s’écrasent, se fracturent sous nos yeux, dans nos oreilles, la seule alternative valable étant la mort. Personne n’y échappera, même le courage ne suffira pas, mais vous appuierez sur le bouton de cet ascenseur qui s’enfonce au plus prêt de la lave. Comme il est dit, sur le morceau le moins cramé « Il n’y a pas de rêve », des cauchemars.

Mais l’espoir est là, peut être que celui est d’ailleurs le nom de ce nouvel album (est ce un album, n’est il pas autre chose ?), et des questions tu n’as pas fini de t’en poser toi le scribouillard du net, toi dont les heures sont parfois plus longues que des vies. Mendelson vient de te donner le coup de grâce, il vient de le donner à tout le monde, je, tu, nous sommes assommés. Rien ne sera pareil, et toi le chroniqueur tu pourrais maintenant essayer de reprendre tes esprits, et conclure. Vas y je te laisse la main.

La musique vient de perdre un groupe qui vient d’inventer autre chose, la poésie compte dans ses rangs un des plus grands de ses auteurs.

Gérald de Oliveira

 http://www.adecouvrirabsolument.com/chroniques/labelises/mendelson-4587.html 

 

Chronique du Triple Album par « Millefeuille »

Pascal Bouaziz a écrit, beaucoup écrit, jeté aussi. Beaucoup de temps est passé aussi. Sur ce triple album qui sort ce printemps, plus encore que sur les quatre précédents, il laisse ses textes respirer, s’exprimer comme pour converser avec nous, muets. Les formats et l’écriture ont explosé, l’atemporalité comme seule arme pour affronter cette modernité à la fois âpre et confortable.

Les textes sont noirs, très noirs, comme jamais ils ne l’ont sans doute été chez Mendelson. Le noir de la modernité, de la solitude, de l’ennui, de la misère des relations sociales, de l’impossibilité d’exister, là, comme ça. Des histoires d’hommes défaits, perdus, incapables de se reconnaître en eux-mêmes. Des histoires d’amours morts, douloureux, prédestinés à l’échec. La mort partout. La mort par asphyxie, par noyade, jamais par accident. La mort violente aussi, toujours fantasmée, jamais consommée.

La haine aussi, et la cruauté, une ironie cruelle, comme sur D’un coup, sans doute le plus beau morceau jamais écrit par Mendelson. L’introduction nous emporte presque par effraction dans un film de Marc Recha, sec et chaud, et nous voilà, malgré nous, spectateur naufragé d’un couple en délitement : « et je rêvais de couteaux, je rêvais doucement que je nous tuais, et y a comme ça de beaux moments bien tranquilles, où je nous voyais morts, et tu me souriais… ben tu vois, que je pense encore à toi, je pense à toi quand même ». La cruauté aussi dans ce texte, Les heures, incarné, pendant plus de cinquante minutes, par cette voix souterraine qui égrène les heures de la lente agonie de cet homme, les heures qui le rapprochent irrémédiablement de son apocalypse intime, telle une journée qui commence, mais qui n’a jamais vraiment fini. Le ton y est dur, accablant, une lucidité destructrice : « Tu n’arrives plus à te raconter d’histoires », « ta personne et ton image, ton tout petit personnage, soudain tu l’aperçois comme un têtard nageant dans un crachat, ton personnage comme une larve dans une flaque qui se noie », « il faut du talent aussi pour perdre », « même pour en finir, il faut une certaine volonté ». Son chant de Maldoror à lui, une plongée dans l’eau saumâtre, où végète cet homme. Ces textes dans lesquels on préfère reconnaître les autres. Cet homme, si éloigné, si absent, si résigné. Ne nous racontons pas d’histoires ! De le voir démoli ainsi écœure et effraie. Cet homme, une part de soi.

Et on attend la fin définitivement tragique de cette histoire, résigné, et puis, à force d’humiliations quotidiennes, cet homme parvient à trouver l’énergie pour s’extirper de lui-même, transformer le « tu » en « il », échapper au pire, entamer Une autre histoire. Une lueur d’espoir ou Une seconde vie, une soumission réinventée ? Comme réponse, le vacarme du monde autour qui s’effondre ! Si espoir il y a, c’est ce sursis accordé au monde avant la fin, ce parfum d’apocalypse dans l’air, à l’image de ces paysages crépusculaires sur les trois pochettes. « Il n’y a pas d’autre rêve, il n’y a pas d’autre monde au réveil, il n’y a pas d’autres histoires à raconter, que celle d’être né, que celle de vivre encore, pas d’autre histoire que celle de vivre et de continuer » (Il n’y a pas d’autre rêve). Regarder en face et dire la vérité de ce monde. Avis de défaite comme ce message d’absence sur le répondeur de nos illusions (Je serais absent). Fuir ou hurler.

Presque rien ne pousse ; les paysages brûlés par le froid, les corps décharnés. La musique ne fait que glacer encore davantage cette atmosphère dévastée. Réduite souvent à l’épure, elle se fait abstraite, cernée par cette boîte à rythmes au tempo ralenti et ces bruits synthétiques (La force quotidienne du mal, Les heures, Le jour où). Batteries, guitares et claviers, qui font le corps de Mendelson, creusent souvent les extrêmes, tantôt apothéoses ou respirations organiques (D’un coup, Il n’y a pas d’autre rêve, Une autre histoire), tantôt amas sonores anxiogènes (Une seconde vie, L’échelle sociale). Une musique qui se sait ravie d’avoir gagné autant de liberté, toujours encouragée.

A travers ce triple album, sans doute encore mal digéré, Mendelson réussit à nouveau à nous détourner, pour des années.

par Sébastien D. 

http://www.mille-feuille.fr/Modules/Chroniques/Fiche/?c_id=1665 

MENDELSON en concert en mai !

MENDELSON EN CONCERT
Le 10 mai à BREST ► La Carène (+ Matt Elliott/The Third Eye Foundation)
Le 11 mai à TOURCOING ► Le Grand Mix (+ Fauve)
et
Le 23 mai à PARIS ► Cabaret sauvage (19eme) + Jandek dans le cadre du festival “Villette Sonique”

Réservations en ligne : www.villettesonique.com

chronique Nouvel Album Magic

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