QUELQUE PART – Les textes

TEXTES PASCAL BOUAZIZ
LE BROUILLARD

Des voies de garage perdues dans le brouillard
Des tours fantômes gardent les terrains vagues
Derrière la forêt dans le fleuve de boue couleur cadavre
Une femme entre deux ages toute habillée descend
Dans son train de marchandises
Le cheminot l’est sombre comme dans la chanson
Il dit dans ce train y a personne d’autre que moi
Et c’est bien mieux comme ça
La nuit d’aussi loin qu’il regarde y a des lumières
Et derrière chaque lumière y a une cuisine
Avec une famille et puis une histoire
Tous ces gens là ont une histoire aussi
Avec un père une fille et peut-être des saloperies
Peut-être où peut-être de l’amour aussi peut-être de l’amour
L’amour lui ce qu’il en pense
Attends je crois qu’il va nous le dire
Tu mets un singe dans une cage d’un mètre sur un
Le singe il va pas tarder à mourir
Tu ouvres la cage sur un précipice
Le singe il pourra pas plus s’en sortir
Mais tu verras qu’il vivra toute sa vie
Il dit l’amour c’est le précipice
Dans la dernière lumière avant le tunnel
Un homme dans sa cuisine est assis sur une chaise
A l’étage le bruit du train fait bouger la fenêtre
Alors elle remue dans son sommeil
Après elle pleure dans son rêve
En bas il regarde le brouillard et puis le jour qui se lève
J’ai fait un rêve moi aussi la nuit dernière
Mon fils avait mal et il m’appelait
J’arrivais pas à comprendre où il avait mal il disait Papa
Papa qu’est-ce que tu vas faire Papa qu’est-ce que tu vas faire
Après est arrivée une fille en tenue d’infirmière
Elle m’a dit t’es sûr que c’est à toi tout ça mon grand
J’ai dit non bien sûr parce que même dans mon rêve
Je savais déjà que j’avais pas d’enfant
A la maison de retraite j’ai été manger avec grand-père
Quand on est arrivés dans la salle à manger
Le voisin de table il s’est levé et il a commencé à marcher
Il marchait vraiment vraiment très très lentement
On a mangé on a fini on s’est levés et tout ce temps-là
Je pouvais pas m’empêcher de le regarder
Juste avant qu’on atteigne la porte avec grand-père
Le pépé on l’avait dépassé


PINTO

Je prends la voiture à sept heures tous les matins
Et tous les jours et toutes la semaine
C’est le seul endroit où je sois vraiment bien
Tu payes ton loyer les trois quarts de ton salaire
A l’arrivée le peu qui reste
Ça passe dans l’essence le découvert
Et ce qu’elle prend elle pour ses petites affaires
Je ne veux même pas savoir ce que c’est
La première fois que je l’ai vue devant son immeuble
Je pouvais pas croire qu’elle était vraie
Et maintenant quand elle me parle des fois elle sait
Que je me préfèrerais plutôt me taper moi même
Sur la gueule
J’ai trouvé la place ici il y a deux ans
Juste derrière le service militaire
Je l’ai rencontrée j’ai mangé avec sa mère
On a pris le crédit deux semaines après
Quand j’arrive à huit heures avec les collègues
Monsieur Pinto monsieur Cebolo
On se change dans les vestiaires
Et puis on va pointer au bureau
Monsieur Cebolo il a fait huit ans l’Angola
Et ça a laissé un trou dans son cerveau
Il dit quand il est revenu après ça
Il pouvait plus supporter d’entendre quoi que ce soit
Monsieur Pinto lui ça fait trente ans qu’il est là
Au pays sa famille était propriétaire
Mais lui et son frère ils s’entendaient pas
Alors la nuit où son père est mort à la ferme
Sa mère est venu dans sa chambre
Elle lui a dit de partir
Elle a fait un paquet de ses affaires
Elle lui a donné la moitié de son porte-monnaie
Monsieur Pinto quand je l’imagine à vingt ans
Il a toujours sa tête de maintenant
Sa femme est morte l’année dernière
Ça faisait trois ans seulement qu’ils se connaissaient
Ils disent quand on a fait l’école comme moi
On devrait pouvoir faire autre chose
On devrait pouvoir faire autre chose que ça
Quand je rentre le soir je m’arrête un peu plus haut
J’éteins les phares et puis je coupe la radio
Je regarde les autres gens qui reviennent
Avant j’emportais toujours un peu de son odeur avec moi
Maintenant si je rentrais pas si je disparaissais
Je crois pas qu’elle ferait même la différence
Entre avant et puis après
Elle dit doit y avoir quelque chose de mieux quand même
Que cette vie là avec le garage
Avec les rues et les maisons toujours pareilles
Y a sûrement quelque chose de mieux c’est vrai
Mais je ne sais pas ce que c’est
Et je ne sais pas comment on fait


MONSIEUR

Après la nuit c’est ce matin
Et c’est très sale par la fenêtre
Tu regardes les voitures et tu t’arrêtes
Il pleut un petit peu et tout va bien
Et ce matin on en est là
Monsieur se lève monsieur s’habille
Se demande comment il va bien pouvoir
Encore finir aujourd’hui
Là c’est la table de la cuisine
Là c’est la chambre avec le lit
Là c’est un coin qu’est resté vide
Là c’est la porte où t’es parti
Il n’ira pas beaucoup plus loin
L’histoire commence où lui finit
Se dit que ça ne sert à rien
Qu’il y en a qu’ont pas grand chose à vivre
Ce n’est plus trop la peine non plus
Si c’est à ça qu’on arrive
On aura fait ce qu’on aura pu
Ce qu’il aura pu aurait du suffire
Au bureau les lumières s’allument
Mais toi tu t’enfermes aux toilettes
Et quand le chef arrive dans son costume
Monsieur c’est là que tu voudrais disparaître
Maintenant tu es devant lui
Qui te regarde bien en fac
Et tu t’énerves de ce qu’il te dit
Penses tu n’aimerais pas être à ta place
Que c’est quand même un peu ta faute
Quand on y pense tout est là
Il se permettrait pas avec un autre
Ce qu’il se permet avec toi
Que si seulement il avait pu
Mais monsieur n’a rien répondu
Que si seulement il avait pu
Mais monsieur n’a rien répondu
Une pub à la cantine parle de vacances
Et monsieur s’abîme dans la photo
Comme elle affiche une paire de fesses géantes
Une femme qui passe crie quelque chose dans son dos
Monsieur la regarde longtemps partir
Et les fesses de l’affiche se collent sur les siennes
Alors monsieur ne pense à rien peut-être
Ou qu’elle n’aura jamais les mêmes
Après il est dans le métro avec une fille
Il fait nuit déjà et il rentre
Il essaye de la trouver jolie juste un peu plus intelligente
Elle aussi a peur de finir toute seule
Dans son deux pièces cuisine salle de bains
Bien enfoncée dans son fauteuil
En attendant de sortir le chien
Elle dit mais Lui qu’est-ce qu’il aime dans la vie
Qu’est-ce qu’il aime vraiment
Et il dit mais qu’il l’emmerde
Qu’il l’emmerde et qu’il descend
Les yeux fermés tu te sens bien
Monsieur aimerait qu’on le laisse tranquille
Monsieur voudrait partir très loin
Que personne ne puisse le suivre
Et monsieur prend le même couloir
Et monsieur prend la même sortie
Remonte la même rue tous les soirs
Tous les soirs rentre chez lui
Là c’est la table de la cuisine
Là c’est la chambre avec le lit
Y a une lettre sur ta table de nuit
Qui dit que tu n’aurais qu’à venir
Que vous seriez bien là-bas tous les deux
Là-bas la vie est plus facile
Mais monsieur sait bien que c’est pas ça le problème
Le problème il sait que c’est lui
Hier soir il appelle la radio
On lui dit les hommes sont au monde
Tu es un homme tu n’es rien d’autre
Tu es au monde tu es des nôtres
Et monsieur mais à quoi ça sert
Si je suis au monde si je suis pas bien
Et la voix dit à quoi ça sert
Et la voix dit mais le monde ne sert à rien
Aide toi encore un peu cette nuit
Monsieur ne te laisse pas aller
La télé si tu veux l’allumer
Monsieur cherche un truc pour dans le lit
La solitude avec les années
Et bien ça finit juste par ne plus rien dire
C’est comme le vide faut pouvoir comparer
Je ne suis pas sûr qu’il te reste assez de souvenirs
Comme il a encore trouvé moyen
Malgré tout de se faire plaisir
Quelque part ça le rassure c’est bien
Mais quelque part il sait que c’est pire
Que plus ça va plus ça le fatigue
Et que ça le fatigue c’est peu dire
Plus ça va plus ça le fatigue
Et moins ça l’aide à s’endormir
Tu te dis que ça va bien finir par changer
Comme ça que ça ne peut plus continuer
Mais tu sais que ce n’est pas vrai
Non monsieur ce n’est pas vrai
Que si tu n’y arrives pas encore
C’est que tu n’y arriveras jamais
Si tu n’y arrives pas encore
C’est que tu n’y arriveras jamais
Monsieur rêve d’horreurs et de femmes enceintes
De lui tout seul aussi dans un jardin
Avec son père qui arrive après
Qui dit et bien alors monsieur
Où tu étais
Où tu étais monsieur
Monsieur où tu étais



CAFÉ TABAC

J’ai sorti le linge de la machine et j’ai enfilé
Un t-shirt encore mouillé
Avec un pull j’ai pris mes clefs et dans l’escalier
J’ai senti le froid commencer à monter
En croisant ma tête dans le miroir de l’entrée
J’ai détourné les yeux de mon visage
Je suis sorti comme le soir se levait
Au café tabac une femme beaucoup plus vieille que toi
Avec une robe à fleurs mauve et grise
M’a appelé monsieur m’a demandé si elle pouvait me parler
La serveuse derrière faisait des signes
Et tu sais j’ai jamais vraiment aimé les serveuses
Mais quand la femme a voulu que je la raccompagne chez elle
Les trois mecs se marraient au comptoir
J’ai dit bien sûr peut-être une autre fois
Alors la vieille s’est mise à hurler que certainement elle avait du se tromper
J’ai pris mes cigarettes et puis j’ai traversé
Vendredi soir j’ai appelé Laurent tu sais celui du temps où j’étais encore au travail
Sa femme on l’entendait à peine au téléphone
Elle m’a dit qu’il avait été très très malade
Et quand j’ai demandé si je pouvais lui parler
Elle m’a dit non qu’il valait peut-être mieux pas
Qu’il avait pas été vraiment malade enfin pas malade comme ça
Elle m’a dit qu’elle t’avait croisé de loin la semaine dernière
J’ai dit oui que tout allait très bien
Et je me suis demandé si pour toi seulement ce serait vrai
Au retour quelqu’un avait laissé un message
J’ai remis le t-shirt à sécher
Je me suis fait des oeufs et puis j’ai repensé
A Laurent à la femme du café
A ce qui nous fait tenir
Et puis à ce qui nous fait tomber
Et je me suis dit que j’allais essayé de te rappeler


QUELQUE PART

Quelque part en ce moment ta mère
Jure que tu ne seras jamais rien ni personne
Putain qu’il n’y aura rien eu à faire
Et ton père compte tout ce qu’il te donne
Après il y a une fille aussi qui t’appelle
Et comme elle connaît ta mère qui décroche
Alors la fille raccroche au téléphone
C’est l’été tout le monde est parti
Au début t’es très bien tout seul
Après t’as l’impression de t’être fait avoir
Quelqu’un depuis le départ se fout de ta gueule
Attends mon grand attends c’est pas fini
T’as toujours tellement cru que t’étais unique
Tu fais cinq heures de queue aux Assedics
Mais qu’est-ce que tu vas faire dans la vie
C’est à cette époque-là
Que la première femme que t’aies eue
Et toi vous ne vous êtes plus trop vus
Si elle saurait dire pourquoi
Toi tu ne l’auras jamais su
Elle fait semblant qu’elle n’est plus là
Quand tu la croises encore dans la rue
Après tu es ailleurs et cette ville
Est très belle et très sinistre
Tu dors tout contre une autre fille
Qu’est très belle et comme la ville aussi
Elle elle t’attend et quand tu reviens
Elle dit qu’elle s’en doutait alors
Que tout le monde savait que tu trouverais rien
Y a une maison dans le quartier du bas
Où ils te donnent un peu si tu demandes
Ils disent bien sûr ils sont là pour ça
Mais faut plus revenir il faut comprendre
Et d’un coup tu crois que c’est elle qui te parle
Et quand enfin tu dis tu ne comprends pas
Ils disent mais si qu’ils savent que ça ira
Après à côté c’est presque le paradis
Et on ne t’entend plus parler
Ça fait six mois bientôt qu’elle est partie
Avant pour le moindre truc fallait compter
Et maintenant tu sais c’est comme si
Plus rien n’avait vraiment de valeur
Tu te lèves et tu travailles la nuit
Tu ne penses plus tu dors tu sens la sueur
C’est à cette époque-là
Que la deuxième femme que t’aies eue
Elle ne t’en a plus trop voulu
Au téléphone elle dit ça va
Qu’elle est très bien sans personne
Mais derrière elle t’entend des voix
Et tu sais qu’elle n’est pas seule
Un week-end tu retournes voir ta mère
Comme ton père est parti à la Noël
Elle dit plus rien mais elle aimerait bien quand même
Que tu pleures un peu avec elle
Le soir il n’y a plus personne au salon
Il y a peut-être une vieille douleur qui remonte
Et puis même ça avec la nuit ça retombe
La troisième dit je ne te vois plus du tout
C’est comme si tu vivais en dessous
Et tu n’aurais pas dû la suivre
Si tu dois rester toujours le même
Peut-être ça n’en vaut pas la peine
Elle dit qu’elle sera toujours là pour toi
Et peut-être un jour ce serait sympa que tu reviennes
C’est à cette époque-là
Que tu ne te souviens plus
Tu t’es perdu tout est blanc
Tu dis je veux une autre maman
Tu n’es plus très sûr d’être vivant
Il y a quelque chose qui t’échappe
Il y a quelque chose d’important
Où tu es maintenant c’est la montagne
Et y a de la lumière partout dans la chambre
Et tout le monde est tellement gentil avec toi
Que des fois ça te ferait juste mal au ventre
Tu manges avec ta nouvelle voisine
Et puis vous allez tous les deux faire un tour
Ensemble du côté de la ville
Tu lui parles tu lui parles et franchement
Elle espère que c’est censé être drôle
Elle dit fais moi rire encore
Quand tu la prends sur tes épaules
T’aimerais qu’elle sache
T’aimerais qu’elle comprenne
T’aimerais qu’elle voit le monde par tes yeux
Mais des deux c’est elle qui voit
Et ce qu’elle voit n’est pas très beau
Elle pleure elle crie et toi tu vas
Ce que tu vois non plus n’est pas très beau
Et maintenant on est de nos jours
Et tu ne veux plus entendre parler d’avenir
Tu pourrais déjà être quelqu’un
Tu pourrais déjà avoir une petite fille
Et peut-être tu auras appris quelque chose
Et peut-être tu n’auras rien appris
Mais c’est à cette époque-là
C’est à cette époque-là
Que tout va être bien tranquille


UNE VIE TRANQUILLE

C’est une vie
Une vie tranquille
Une vie tranquille et sans problèmes
C’est très joli on se lève
C’est l’après midi
Alors je t’emmène si tu as envie
Tous les deux on se promène
On va voir voir des arbres
Dans le parc il n’y a personne
Tout est mort sous le soleil
Et c’est encore toujours pareil
On se promène on se regarde
Et c’est fini
Alors on rentre et dans la chambre
Tout est mort aussi
Et dans ton ventre tout est mort
Et sur tes jambes tout est mort
C’est une vie
Une vie tranquille
Une vie tranquille et sans problèmes


KATHERIN HEPBURN

Tu sais il n’y aura pas de concours
Et puis il n’y aura pas de trophées
Y en a d’autres qui me refroidissent encore
Qui donnent l’impression d’avoir tout raté
Partout tous les jours
Je croise des femmes magnifiques
Des femmes magnifiquement touchantes
Qui me font regretter
Et je ne parierais même pas sur toi gagnante
C’est comme ça c’est pas si grave
C’est très dommage et puis c’est très banal
C’est très banal
Mais y en a d’autres
Sarah elle était irlandaise et fermière
Et tu sais elle avait l’air
D’une fermière irlandaise
Elle était rousse
Comme une fermière irlandaise
Elle voulait que je l’embrasse
Et ça ça je l’ai fait
Et ce que je n’ai pas fait après
Ça reste mon deuxième plus grand regret
Maya elle elle était jamaïcaine
Et elle avait un américain en Amérique
Et le temps qu’il revienne tu sais
Tous les deux comme qui dirait
Et ben on a eu le temps de faire notre vie
Même qu’elle en dormait pas la nuit
Et quand il est revenu elle lui a dit
Mais elle est quand même resté avec lui
Et quand un jour c’est elle qu’a voulu revenir
Moi j’étais déjà parti
Loin loin loin j’étais déjà parti
Mais ça j’ai eu du mal à lui dire
D’ailleurs je lui ai pas dit alors j’ai menti
Et je l’ai jamais rappelé après
Jamais je l’ai rappelé
Depuis le temps maintenant
J’espère qu’elle est heureuse
Qu’elle est retourné avec lui aux Etats-Unis
Ou qu’elle s’en est trouvé un autre
Enfin qu’elle a fait sa vie
Ça se trouve
Elle se souvient jamais de cette histoire-là
Ça se trouve elle se souvient à peine de moi
Mais j’aimerais bien la revoir tu sais
Savoir comment elle va
E puis lui dire qu’elle m’a manqué
Et puis aussi m’excuser
Des fois j’imagine que je la croise
Dans la rue par hasard
Elle est avec ses enfants c’est l’automne
Elle en a trois et il y en a un
Qui s’appelle comme moi
Et puis j’imagine
Que ça deviendrait comme ma soeur
Et puis j’imagine j’imagine
Plein d’autres trucs bien crétins comme ça
Alors que ça se trouve
Elle se souvient à peine de moi
Mais il y en a d’autres tu sais
Il y en a d’autres
Des filles que j’ai vu qu’une seule fois
Et je me souviens même pas le nom
Et il s’est rien passé
Il y en a d’autres
Au bureau dans le train au café
Il y en a d’autres
Il y en a plein
Je peux pas tout mettre
La nuit je la regarde quand elle dort
Qui me fait confiance
Et c’est elle qui m’aura sauvé
Et c’est elle que j’aime encore
Et puis je pense à toi
Je pense à toi
Je ne peux même pas dire
Qu’entre nous je sois sûr
Que ça aurait marché
J’écris juste pour dire
La vie aurait été différente
Moi j’aurais bien essayé


OU EST PASSÉ LE WEEK-END

Le policier du dimanche soir
Il a son meutre sur les bras
Et la secrétaire sur canapé
Dehors c’était l’heure des poubelles
Et j’ai eu peur d’un coup
Qu’ils viennent tous nous chercher
Le week-end à chaque fois c’est pareil
C’est comme s’il disparaissait
Avant même que tu saches que tu y étais
Regarde-le l’acteur faire semblant de se lever
Faire semblant d’aller travailler
Honnêtement je préfèrerais pas regarder
A la télé ils ont jamais trop l’air
De savoir ce que c’est
Ça va faire dix ans la semaine prochaine
Avec l’année où j’ai rien fait
Et les deux ans à St-Etienne
Et c’est le quatrième truc que j’essaye
Au début je croyais que c’était le travail
Mais maintenant je crois plus
Que ce soit le travail vraiment
Je ne veux plus retourner
Je ne veux plus retourner
Le père de mon voisin de palier
Il a fait ses quarante ans
Il a tenu comme ça jusqu’à la retraite
Il est parti dans les Ardennes pour s’installer
Et il est mort juste l’année d’après
Quand il en parle son fils
Il dit c’est la retraite qui l’a tué
Et moi je veux trop rien dire
Mais pas besoin de demander à Superman
Qui descend maintenant les meurtriers
Je sais bien je sais bien que c’est pas vrai
Je ne veux plus retourner
Je ne veux plus retourner
J’ai essayé j’ai vu j’ai perdu
J’ai essayé je jure j’ai essayé
Je ne veux plus je ne peux plus
Je ne veux plus retourner
Cet été je me suis promené
Avec l’année qui me reste à tenir
J’aurais assez économisé
Les premiers temps
Peut-être une petite ville
Peut-être le Portugal
Je crois que je pourrais m’arranger
Je suis sûr que ça va aller
Je suis sûr que ça va aller
Je ne veux plus retourner
Ça va ça va aller
Mais je ne veux plus retourner
Où est passé le week-end