LE RAT

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En absolue non-exclusivité, ce texte écrit à la demande de « Philippe Dumez », Le Grand, et paru dans le fanzine « Hit Records », « musique et B.D. », il y a déjà quelques temps, début 2002 ?, fin 2001 ? où Pascal, notre chanteur et maître, nous raconte sa vie passionnante, avec beaucoup de goût et des avis qui tranchent et qui font mal, avec de la retenue…Avec du tact aussi.
Un texte poignant. (avec une idée à un moment.)

LE RAT

La bibliothèque Faidherbe, j’y vais depuis à peu près quatre ans. En même temps que celle de l’avenue Parmentier et celle de la rue Picpus. C’est mon parcours en ce moment, une fois par semaine, des fois plus, généralement ça me prend une bonne partie de la journée. C’est toujours ça de gagné.
Comme je viens de déménager, c’est certainement la dernière fois ou une des dernières fois que j’irais. Avant quand j’habitais Pantin, j’en avais trois régulières aussi, celle du Colonel Fabien, celle derrière la place des fêtes que je vais bientôt retrouver puisque de nouveau j’habite à côté, et puis celle de Stalingrad aussi qu’on voit du métro aérien. Sans compter celle de Pantin, bien sûr, au milieu de la rue des sept arpents où j’habitais, la rue qui mène de la fourrière de la porte de pantin, jusqu’au bas du cimetière de Romainville, que domine le fort. Je dis ça pour bien planter le décor. Donc en fait ça faisait quatre à l’époque mais j’étais plus jeune et plus vaillant. (J’ai été amoureux de la bibliothécaire de Pantin pendant à peu près six mois, je l’ai suivi un jour, elle est rentrée dans une voiture avec un siège bébé, alors je suis rentré chez moi.)
Chaque bibliothèque a bien sûr ses particularités, ça dépend de celui qui fait les commandes, de ses goûts, de ce qu’il connaît aussi de la musique, généralement pas grand-chose quand même, de l’époque où ça a ouvert (il y a des bibliothèques très 80, par exemple avec tout Iron Maiden) et puis un peu aussi de ce qu’on s’imagine qu’est le goût du public de l’endroit.
A Montreuil, par exemple, une chouette bibliothèque, derrière la mairie, avec un jardin public comme à Pantin, avec le bac à sable et les balançoires désertes en hiver, et le PMU encore derrière avec Amazon Hunt 2, à Montreuil, il y a beaucoup de chanson française, des années 70, vachement contestataire, c’est parce qu’ils sont communistes, c’est pour ça, avec plein de chanteurs dont j’ai jamais entendu parler (à part peut-être dans Chorus, une revue très chanson, mais j’y reviendrais), donc des chanteurs inconnus, avec des textes qui dénoncent terrible, mais ils ont aussi tout Manset en cds, plusieurs rééditions différentes même, tout Colette Magny, pour les mêmes raisons citèes au dessus, mais Colette Magny en plus c’est bien, et puis Henri Tachan, et puis Albert Marcœur, et plein, plein d’autres dont je ne me souviens même pas le nom… A Stalingrad, qu’était toute neuve en 93-94, c’était très pop-rock pointu, avec des coffrets des Jam, tous les disques de Bowie. (Pour une discothèque municipale les Jam, c’est pointu.) A picpus, ily avait les vinyls, pas mal de blues, et puis tout le rock français des années 80, à Parmentier, c’était
surtout Heavy Metal, à Colonel Fabien, c’était plutôt pas mal pour la world music, etc, etc…(C’est à Colonel Fabien que j’ai emprunté, le premier disque vinyl de Idir, première édition, avec une photo magnifique et le son qui n’a rien à voir avec le cd que j’ai acheté après. Ils ont du le remixer sévère.)
Au début on perd du temps, à chercher tel disque à tel endroit, et puis après on sait mieux, on apprend, on a l’expérience, comme dans la vraie vie, et c’est mieux.
Mon meilleur souvenir de bibliothèque, c’était à Lyon, derrière la gare Part-Dieu, sous le “crayon”, ils avaient encore tout un rayon vinyl, immense, et plein de disques n’avaient pas encore été réédités. On pouvait accéder à toute la “banque” de disques, on remplissait sa fiche et ils allaient nous chercher des “introuvables” dans les sous-sols, où on pouvait pas aller. C’est là que j’ai du emprunter pendant tout une année, toutes les semaines, tous les disques de Manset, “2870”, “Rien à Raconter”, mes deux préférés, mais aussi “Jeanne”, “Animal on est mal”, avec toutes ces chansons que Manset, lui-même ne veut pas ressortir. En même temps, j’ouvre une parenthèse mais pas vraiment, c’est vrai que ce serait vraiment un monde idéal, un monde où ce serait possible que toutes les conneries qu’on a dites, qu’on a faites où qu’on a chanté en l’occurence et ben on dirait que ça a pas existé. Voilà, comme ça, tout simplement. Sauf, sauf que personnellement on a toujours beaucoup plus d’indulgences pour les conneries des autres que pour les siennes, et ces chansons-là, moi je les aime bien. D’un autre côté encore, j’ai la tête qui tourne, ça va passer, d’un autre côté, alors qu’on ressort tout et n’importe quoi, n’importe quelle séance, n’importe quel inédit, que les auteurs n’ont jamais voulu voir publié…Quelqu’un qui fait l’inverse, ça change. Et ce qui change, c’est pas forcément mieux, non, mais enfin ça change quoi.
Alors, alors où j’en étais…Ah oui, Faidherbe. Alors on rentre, on monte quelques marches, on prend l’ascenceur, c’est au deuxième étage. L’ascenceur est très beau, très moderne, limite classe. On sort, à gauche, il y a une vitrine, avec des sortes de petites expostions, deux livres, trois photos, un vieux vinyl. Par exemple sur la musique celtique ou la musique arabo-andalouse ou sur Bashung, enfin ça dépend. Quand c’était Bashung, ils avaient mis “Roman Photo”, l’album, que j’ai à la maison mais que j’écoute jamais mais j’aime beaucoup la pochette, recto et puis le verso aussi, où il est à l’arrière d’une limousine avec une fille, comment dire, qu’aurait l’air d’une pute un peu, un vieux journal, je crois sur la banquette arrière, enfin une pute ou une groupie, je sais pas, je veux vexer personne. Ca c’est le verso, il sourit un peu en coin, il a vaguement l’air d’être ailleurs, super lunettes noires et tout, on dirait un peu le “King of New york”, avec comment il s’appelle ? enfin on dirait pas vraiment mais ça m’y fait penser, ah oui christopher Walken, à l’arrière de sa limo avec les deux filles qui l’attendent à sa sortie de prison. Walken, il dit rien, c’est l’incarnation de la classe, pas vraiment trop comme Bashung en fait, qu’est un peu mal à l’aise, un peu trop pour avoir de l’allure, enfin la même allure. donc ça c’est le verso, et le recto, qui à priori, vient avant, on le voit tout seul avec sa guitare surgissant au bord de la route comme une sorte d’animal pris dans les phares, avec perfecto et jean moulé aux cuisses mais pattes d’eph en bas. comme si c’était son personnage de “Station Service”, une chanson qu’est sur son album suivant, qu’est magnifique, comme si c’était ce mec-là qu’avait décidé de se barrer comme dans la chanson et qu’on voyait en vrai. “Roman Photo”, donc, que j’écoute jamais, alors qu’il y a au moins une chanson que j’adore, la première, qui s’appelle bien sûr “Roman Photo” et qui est un mélange de Randy Newman/Francis Cabrel, avec un super texte très influencé par Newman justement et sa chanson “You and Me” qui est aussi la première chanson de son premier album. La musique c’est une sorte de country/rock/variété, très belle, avec une voix de fille très chouette pour les chœurs. En gros, ça dit :”Je t’aime et tu m’aimes, je vais demander/trois jours de congé on se marie/On vivra tranquille, c’est pas difficile/suffira de faire des économies.” Ca parle aussi de bébé, de plein de trucs j’ai oublié et aussi de rideaux Vichis, comme Cabrel, à la même époque dans “Carte Postale”. C’est quelque chose qui a eu tendance à disparaître ça les rideaux Vichis, et pas que dans les chansons, quand j’en vois à l’intérieur d’un café, je suis sûr que je vais être bien. Alors je rentre vérifier.
Comme par hasard, Bashung lui non plus, n’a pas voulu rééditer ce disque-là.
C’est un peu comme sur les photos officielles de l’époque soviétique, on efface les visages petits à petits de ceux qui sont tombés en disgrace. C’est Kundera qui raconte, que rien que de les nommer, ces gens-là, les gens qui avaient “disparus”, c’était faire de la résistance. Là ça n’a strictement rien à voir, c’est pour ça que je raconte, mais moi quand j’en trouve dans les brocantes un de ces disques, je le cache à moitié sous le manteau, je paye et je m’en vais très vite en riant si possible comme un dément. Ces gens-là ne savent pas ce qu’ils vendent, ah, ah, ah, les cons. (Maintenant que je suis grand, avec l’expérience comme je disais, je sais qu’en fait ils s’en foutent. De ce qu’ils vendent.)
Donc à gauche, il y a la vitrine, à droite de l’ascenseur, y a l’entrée de la discothèque. Faidherbe, c’est surtout le jazz, le folk américain et un peu l’Afrique, le reste c’est moyen. Là pour le coup, je ne suis pas très amoureux de la bibliothécaire, l’exemple presque parfait de vieille fille aigrie, malfaisante et très gratuitement désagréable, au moins comme dit l’autre, c’est gratuit. D’abord je choisis mes disques, normalement on a droit à cinq, sauf cas exceptionnel, en période de vacances on a droit à huit, je fais tout le rayon jazz, puis Rythm & Blues, (y a jamais rien, c’est pas grave), après je fais le folk. Quand j’arrive à dix, je m’arrête, je vais à la table du fond, à côté de la fenêtre. On est au dessus d’une maternelle, y a le bruit des enfants, y a des livres qu’ont rapport à la musique, des biographies de Schubert, j’prend pas, sur Bartok, je prend pas non plus, En route pour la gloire de Woody Guthrie, je prend peut-être, un livre sur Bashung qu’était dans la vitrine la dernière fois, je prends. (C’est nul, je me souviens plus de l’auteur, mais je le conseille pas. Y a plein de jeux de mots, rapport à ce que c’est un livre sur Bashung, alors je conseille pas). Il ya des revues aussi que je commence par lire. Soul Bag, que je ne lis jamais que là-bas, qu’est pas très intéressant, la revue Je Chante, non plus, pas très, Guitare Magazine, anciennement Guitare&Claviers qui est mort maintenant et que j’aimais bien. A Parmentier, je lis Chorus, très, très chanson française, mais des fois, il y des gros papiers, vieilles interviews, Ferré, Brel, Brassens réunis par exemple, et puis Fluide Glacial et les Inrocks et Rocksound aussi. Peut-être que c’est le moment de préciser que je suis chômeur, comme qui dirait. Je crois, ça explique certaine choses.
D’abord je lis les revues, après je fais le choix des disques que je vais prendre, cinq sur les dix. Des fois c’est des gros dilemmes, surtout qu’on sait, avec le temps, (décidément on apprend plein de choses) qu’on retombe jamais deux fois sur un même disque comme ça, qu’a l’air plutôt bien, comme ça, par hasard. Alors je lis toutes les notes de pochettes, les crédits, les dates, j’essaye de me faire une idée. c’est généralement à peu près à ce moment-là que je commence à vraiment avoir envie d’une cigarette, je fais enregistrer les disques, je descend fumer, et je recommence pour les livres…
Alors qu’est-ce que j’ai bien pu nous trouver pour cette semaine ? C’est pas mal cette semaine, c’est pas mal. Des fois c’est pire.
F.B.I., c’est un groupe comme on disait à l’époque, multiracial, de funk, soul, genre Mandrill ou Chocolate Milk. Mais moins bien, je crois, un peu moins bien. Une autre différence, à part que c’est moins bien, c’est qu’ils sont anglais. C’est beaucoup moins bien, en tout cas Qu’”Action Speaks Louder Than Words” de Chocolate Milk, mais bien quand-même, rythmique à la Headhunters, riffs de cuivre à la James Brown, paroles engagés à la je ne sais pas trop qui. C’est à dire que c’est un peu plus propre que les américains, comme d’habitude avec les anglais, un peu plus mignon, donc un peu plus chiant, ça sent moins fort, les voix sont un peu moins rauques, le solo de saxo est (attention les gars) à la limite de l’élégance, bah quoi faut faire gaffe, merde. F.B.I., c’est un peu ce qu’est Dire Straits par rapport au rock américain, c’est pas mal quoi. C’est vrai que le premier Dire Straits, c’est pas mal d’ailleurs. Enfin.
Après j’ai un autre groupe anglais, F.B.I., c’est 76, là c’est fin 90, Spiritualized qui fait partie de la génération là après Pulp, The Verve et Oasis et Blur et encore un autre, euh les boo radley’s que j’ai complètement fait l’impasse dessus tous. j’étais passé à autre chose. Y a une époque, non, j’étais dedans, en plein, j’ai même acheté des maxis 45 tours des Charlatans pour vous dire mais à ce moment-là, j’avais décroché, (comme dit mon pote Stan quand il sort de Gibert sans avoir acheter un seul disque : j’ai décroché) de l’actualité anglaise, en tout cas. Sauf que là Spiritualized, tout le monde avait crié au génie, notamment sur celui-là, “Ladies&Gentlemen, We are Floating in Space” et puis ils ont pas eu de tube ou rien, en France en tout cas, ça aide à être curieux, et puis la pochette avait l’air super marrante, et puis, et puis le principe c’est qu’en fait ça coute rien, hein. En fait c’est 200 balles par an, et pour les livres c’est gratuit, 200 francs, c’est pas grand chose, c’est à peine deux disques, là où je dois en emprunter 15 par semaine, sur les 52 semaines, ça fait 780 disques sur l’année, peut-être un peu moins, c’est pas cher pour ce ça coûte…200 francs, mais ça peut-être je l’ai déjà dit. Spiritualized, j’ai pas été plus loin que le deuxième titre mais c’est pas mal, dans le genre je trouve ça pas mal. Après faudrait pas me demander d’écouter ça en entier, non, mais en tout cas la pochette est hilarante. C’est comme pour les médicaments, avec notice d’utlisation, “lire attentivement la notice”, contre-indications, combien de fois s’administrer le disque par jour, effets secondaires possibles, qu’est-ce que je fais si les symptomes persistent…Voilà, c’est très drôle. Et puis un groupe anglais qui se prend pas trop au sérieux, ça change. (Sur ça change, voir plus haut)
Ensuite, ensuite, l’Art Ensemble avec Fontella Bass, qui est apparemment la femme de Lester Bowie(on apprend de ces trucs dans les notes de pochettes, dingue) qui est le trompettiste. Le trompettiste, c’est celui qui est habillé en médecin sur les pochettes, ça je le dis pour ceux qui connaissent pas, quoi que ça leur apporte pas grand chose et qui est mort il n’y a pas longtemps, du moins je crois bien qu’il est mort, ça je le dis pour ceux qui sont pas trop au courant, un peu comme moi.
Fontella Bass est apparemment une chanteuse de jazz, à l’écoute en tout cas ça parait évident, un peu comme je les aime pas trop. C’est à dire la vague, néo-revendicatrice, je parle de cul, de sexe et de libération, et un peu de mon vagin aussi, parce que c’est important, et c’est vrai que c’est important. C’est même très bien, dans “Blasé” par exemple, Jeanne Lee, c’est bien. Là je sais pas trop. c’est plus proches de celles qui en font des tonnes, mais bon de toutes façons les chanteuses de jazz, à part Billie Holiday, (quelle originalité les amis) et Ella Fitzgerald avec Louis Amstrong, je connais pas, ça scatte et puis j’aime pas ça, ça me gongle. Bon là c’est quand même pas Dee Dee Bridgewater mais c’est le même genre, un peu. Des fois rien qu’un peu, ça peut faire beaucoup. En plus ça tire vaguement sur le chant/art contemporain, c’est dire. Derrière c’est l’Art Ensemble, alors comme d’habitude, c’est beau, pas besoin que je raconte la musique, peut-être. (Pour ceux qui connaîssent pas, leur musique je veux dire, ils ont des déguisements sur les pochettes.)
Après j’ai le premier Gato Barbieri solo, Third World, avec Charlie Haden, Roswell Rudd au trombone que j’aime bien aussi, c’est 1969, la même année que le premier Liberation Music Orchestra, où ils jouent aussi tous les trois. Et puis déjà, Lonnie Liston Smith, au piano, que j’ai vu à la télé, il y a trois semaines, dans Jazz6, qu’avait un turban hindou, des mains immenses qui jouaient de l’orgue et qu’avait une bague à peu près de la taille d’un portefeuille. Alors c’est beau, c’est bien beau, bien sûr c’est beau, mais je sais pas pourquoi, je crois que je préfère Bolivia, qui vient plus tard,(y a de la guitare électrique dessus c’est pour ça), ou alors le Live à Montreux avec Chuck Rainey et Pretty Purdie, basse électrique, batterie qui ont joué avec la terre entière et pas que “jazz” et qui sont magnifiques. C’est étrange parce que c’est beau quand même, peut-être en fait c’est même mieux objectivement que Bolivia qui peut faire un peu trop “Barbieri” à plein de moments. Trop lourd, trop lyrique, trop quoi. (Pour ceux qui connaissent pas, il ne joue pas avec l’art Ensemble)
Gato Barbieri, c’est marrant, je suis à peu près sûr que c’est une des premières musiques que j’ai jamais entendue. C’est justement en écoutant Bolivia, (que m’a fait découvrir un ami à Nantes, qui avait une très belle femme, un super appartement et plein de super Bds de la mort), que je me suis persuadé que j’avais du entendre ça il y a très longtemps. Assis au milieu d’un salon décoré de tentures indiennes, certainement rouges et noires, sur un tapis de laine vierge,(c’était l’époque des bonnets péruviens aussi), dans un appartement où ça sentait l’encens et puis les thés chinois. Chez les collègues de ma mère, à l’époque, ça sentait toujours l’encens, le thé, où les tisanes bios ardéchoises. Y avait un poster de Follon aussi en grand dans l’entrée. Je devais être très jeune ou un truc comme ça à peu près, Bolivia est de 73, et je crois que Barbieri a eu beaucoup de succès en France à cette époque là.
Sinon je peux pas comprendre que j’aime autant cette période-là chez lui, un peu comme Pink Floyd, ça dépasse l’entendement. Il y a deux cerveaux. L’un qui dit :Oh la, la, la, c’est quand même un peu trop là non ? et l’autre qui répond : Ta gueule.
Enfin, il me reste plus que “Royaume de Siam” de Manset, que j’ai déjà en vinyl, mais que j’emprunte parce que justement il rajoute certains morceaux des albums qu’il ne veut pas réédités, comme j’expliquais il y a très longtemps, à la fin des albums “officiels”. Le Pont, par exemple qui je crois était une chanson au départ de 2870, je crois, avec des phrases très, très belles comme “Et je me souviens que quand on s’est connus/j’avais le cœur vide, je l’ai plus.”
Ce qui est quand même plus joli, plus élégant, plus pudique, plus tout ce que vous voudrez que de dire Je t’aime, ou j’ai faim de toi, ou tout ce que vous voudrez. Il y aussi une autre de mes chansons préférées de Manset, “Ton Âme Heureuse”. Alors comme à chaque fois, c’est limite grotesque, et puis non en fait c’est magnifique, comme sa voix, comme le son des ynthés, comme tout chez lui. Les gens qui aiment Manset, de toutes façons, c’est des vicieux. C’est lourd et c’est beau dans le même temps. “Parle-moi de la mer immense/et du sable de ton enfance/qu’as tu fait de ton innocence/dans ta vie vide de sens.”
J’ai pas vraiment écouter ces deux derniers disques, “La vallée de la Paix”, et puis Jadis et Naguère, parceque ça m’avait l’air trop pourri mais je sais bien que je finirais par les emprunter. Ils sont tous les deux à la bibliothèque Faidherbe. Alors…

Pascal Bouaziz