« Beau geste » chronique du Triple Album par François Gorin à lire dans le Télérama d’aujourd’hui :
http://www.telerama.fr/musiques/beau-geste,97270.php
Dans un triple album aux paroles crues, Mendelson confirme qu’il a trouvé son propre ton.
De la génération des Miossec et Dominique A, Pascal Bouaziz est le benjamin secret, pas le moins estimable. Depuis une vingtaine d’années, il mène la barque Mendelson avec une lenteur non calculée. Contre vent glacial et loi du marché.Personne ne le fera pour nous, double album de 2008, pouvait, devait ouvrir une brèche. Ne l’a pas fait. N’a pas trouvé sa case (rock textuel ?). Alors, au lieu de composer avec l’adversité, le fier Bouaziz insiste, enfonce le clou. Met la triple dose et appuie là où ça fait mal, au quotidien.
La Force quotidienne du mal ouvre le premier volet, voix si peu détachée sur à peine quelques sons. Mendelson refuse en principe d’enchanter. Creuse un tunnel de mots dans la détresse ambiante, en ayant pris le pouls avec une effrayante acuité. Ce parler crûment descriptif oscille entre douceur chirurgicale et douleur sensuelle, les instruments autour viennent comme lacérer la page blanche, foudre électrique d’une guitare, tonnerre assourdi des batteries. « Dans ces très vieilles villes nouvelles peuplées de vies en ruine… » On glisserait facilement vers des parentés littéraires (Bove, Calet ou leurs héritiers). Mais Mendelson, avec ce minimum de mélodie, cette nudité sonore, joue bel et bien sa musique. Echo tardif du Rien à raconter de Manset,Pas d’autre rêve fait clignoter des lueurs : « Pas d’autre histoire que celle de vivre et continuer… » Des beautés, il y en a, parfois tapies au creux d’un monologue de cinquante minutes (un morceau standard de Mendelson en fait dix). Pour Pascal Bouaziz, elles ont leur juste prix. L’intransigeance a son manifeste et, sous la folie kamikaze, couve un long cri d’amour. Les lendemains, qui sait , chanteront. — François Gorin
3 CD Ici d’ailleurs.
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